Les agriculteurs grecs intensifient les blocages routiers, le gouvernement met en garde contre l’escalade
Mercredi 3 novembre 2025, en Grèce, le gouvernement a mis en garde les agriculteurs contre toute escalade de leur mouvement de blocage routier visant à protester contre le retard du versement de subventions européennes, ralenti par une enquête sur une vaste fraude.
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Depuis le dimanche 30 novembre 2025, des milliers d’agriculteurs bloquent avec leurs tracteurs l’autoroute Athènes-Thessalonique, dans le nord de la Grèce. Mercredi 3 décembre, ils ont menacé de fermer la frontière avec la Bulgarie. Le gouvernement a tenté de maintenir l’autoroute ouverte avec la police antiémeute, mais les manifestants sont arrivés jusqu’à 10 km de la frontière avant d’être bloqués par les forces de l’ordre.
« Nous sommes toujours ouverts à un dialogue coordonné »
« Des actions extrêmes, des fermetures prolongées de routes nationales, de bureaux de douane et d’aéroports — ce sont des actions qui ne servent pas leur cause (celle des agriculteurs), considère le Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis dans des propos retransmis à la télévision en conseil des ministres. Elles causent des problèmes à d’autres groupes sociaux. »
« Nous sommes toujours ouverts à un dialogue coordonné », ajoute le Premier ministre. Pour le moment, les agriculteurs grecs ne montrent aucun signe de recul. Des décisions sont attendues dans les prochains jours sur l’évolution de leur mobilisation.
De longues files de voitures et de camions se sont déjà formées à la frontière
En raison d’une épidémie de variole du mouton qui a entraîné la perte de 400 000 bêtes, les agriculteurs grecs sont confrontés à une forte baisse de revenus. Par ailleurs, une enquête des autorités européennes sur une vaste fraude aux subventions agricoles ralentit le versement des exploitants.
En mai dernier, en ouvrant l’enquête, les procureurs européens avaient révélé ce scandale de fraude. Selon les autorités grecques, le préjudice porte sur plus de 30 millions d’euros de subventions de la Pac (politique agricole commune de l’Union européenne) détournées par des personnes réclamant une aide pour des terres qu’elles ne possédaient pas ou exagérant la taille de leurs troupeaux.
« Nous ne voulons plus être dupés »
Le gouvernement grec assure que les agriculteurs en droit de recevoir des subventions ne perdront pas de revenu quand l’enquête sera terminée. « Tout le monde est conscient que nous traversons une période de transition difficile, a lancé Kyriakos Mitsotakis. Les agriculteurs non fraudeurs toucheront plus de 500 000 euros de plus qu’en 2024. »
De nombreux paysans jugent ces garanties insuffisantes et tardives. « Nous ne voulons plus être dupés. Depuis 2014, les subventions n’ont cessé de diminuer », a dénoncé Aris Lioutas, cultivateur de coton de 55 ans et syndicaliste local, sur la route de Promachonas. « Avant, je touchais environ 6 000 euros (de subventions) par an pour environ 150 acres (60 hectares) de coton, mais cette année, je n’ai même pas reçu 1 000 euros à cause du scandale », ajoute-t-il.
Selon Giorgos Nikolis, 18 ans, dont la famille cultive des tomates industrielles, tout le secteur est « désespéré ». « Ça ne peut plus durer, et chacun doit le comprendre ». « Le secteur primaire est en train de mourir, et les conséquences seront très néfastes pour la société dans son ensemble », juge-t-il. D’après lui, les prix de ses produits sont « scandaleusement bas ».
« Les subventions sont scandaleusement faibles »
De leur côté, les éleveurs réclament des indemnisations à la suite de la perte de plus de 400 000 moutons et chèvres, abattus à cause d’une épidémie de variole du mouton. Les autorités refusent d’autoriser la vaccination des troupeaux, arguant qu’il n’existe aucune preuve de son efficacité.
« Les subventions que nous recevons sont désormais scandaleusement faibles. Il y a quelques jours à peine, j’ai reçu environ 700 euros nets, fustige Christos Trikalianis, un cultivateur de maïs de 65 ans. C’est une véritable insulte d’entendre parler de millions distribués à des gens qui n’ont aucun lien avec la production agricole. »
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